Noa Auch-Roy
Bonjour Noa, pour commencer, peux-tu te présenter ?
Je m'appelle Noa Auch-Roy, j'ai 18 ans et je joue à Mionnay depuis que j'ai 5 ans.
Actuellement, je suis -4,5 d'index et j'évolue sur le circuit mondial amateur.
Et comment as-tu commencé le golf ? Etait-ce une histoire de famille ?
Oui exactement, c'est en grande partie une histoire de famille. J'ai commencé avec mon père et mon grand-père et j'ai directement accroché. J'ai joué davantage à partir de 9/10 ans en faisant des compétitions, et à partir de 15 ans, j'ai voulu construire un projet autour du golf pour essayer de devenir joueur professionnel dans le futur.
Et qu'est ce qui t'a donné envie de te lancer pleinement en compétition ?
C'est notamment grâce à mes parents et à mes coachs. J'ai aussi été motivé car je regardais pas mal le golf à la télévision, et c'est vrai que l'avantage de ce sport, c'est que nous pouvons en vivre, même si ce n'est pas simple.
Je ne suis pas vraiment scolaire alors que je suis très assidu dans le golf, donc c'est pour cette raison que je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire, ou du moins, tout faire pour.
Tu dis ne pas être très scolaire mais est-ce que tu concilies quand même des études avec le golf ?
J'ai eu mon Bac il y a un an car j'ai sauté une classe, ce qui est un avantage. J'avais ensuite commencé à faire une première année en STAPS, mais en alliant les cours avec le golf, je n'étais pas à 100%. Comme de nombreux jeunes pros maintenant, je n'ai pas vraiment réfléchi au plan B, en préférant rester focus sur le plan A. C'est donc pour cette raison que je me consacre uniquement au golf depuis un an.
Tu es également membre du Renaud Gris Golf Institut, peux-tu nous en dire davantage ?
J'y suis depuis la seconde, c'est donc ma quatrième année. J'ai commencé lorsqu'il a créé le sport-étude, et cela fait maintenant deux ans qu'il y a un pole élite avec plus de stages aux alentours pour optimiser la performance et avec davantage de suivis par des experts, comme David Ames, le coach de putting anglais, Chris, le caddy de Julien Guerrier...
J'ai pu également créer mon staff autour de ces personnes donc c'est une aide vraiment bénéfique pour moi et tout se passe bien depuis 4 ans.
Tu as donc un staff assez conséquent autour de toi ?
Oui j'ai un staff très conséquent mais aussi très personnel. Renaud a ses coachs mais de mon côté, c'est encore plus individualisé.
Il y a Ludovic Perge, mon coach physique, j'ai ma psychologue du sport, Emilie Chamagne, le coach technique Renaud Gris et mon coach de putting David Ames.
Il y a également Chris Liley qui m'aide surtout sur la stratégie de jeu et puis il y a les caddys qui varient en fonction des compétitions.
Je compte aussi dans mon staff Dominique Cellier, mon nutritionniste, qui me permet d'adapter mon alimentation afin d'être le plus performant.
J'ai également un expert pour la mobilité car je pense que c'est un secteur vraiment important à travailler.
Je suis vraiment content de mon staff car nous arrivons à discuter tous ensemble et se mettre tous d'accord.
C'est pour cette raison que nous faisons pas mal de réunions dans l'année pour caler mes objectifs et mon projet futur.
Et donc avec tout ce staff, tu arrives à t'organiser ? As-tu une semaine-type par exemple ?
Tout dépend des coachs, par exemple, mon coach physique va désormais être sur Evian, donc il ne va plus pouvoir me suivre aussi régulièrement. Nous travaillons ensemble mensuellement pour recréer mes programmes, mais j'arrive maintenant à être autonome et à travailler seul à la salle de sport.
Ma psy, je l'appelle lorsque j'ai besoin et quand je suis en tournoi. Renaud, je le vois une fois par semaine, David environ 2 fois par mois et Chris une fois tous les deux mois.
En tout cas, c'est vraiment très programmé et je sais quand je vais les voir.
Sur une semaine, je fais du 6 jours sur 7, ce qui peut évoluer si j'ai un gros tournoi à préparer, mais la plupart du temps, je garde ce rythme pour essayer d'avoir un jour off où je ne joue pas au golf et où je vais en profiter pour sortir avec des amis.
Je consacre entre 10h et 12h de sport par semaine et 40h de golf, et je suis en moyenne tous les jours au golf de 9h30 à 19h.
Tu parlais de ta psychologue du sport, est-ce que ce côté mental c'est quelque chose que tu as voulu mettre au centre de ton projet ?
Avant d'avoir ma psychologue du sport, j'avais un préparateur mental. C'est mon père et mon préparateur physique qui m'ont fait connaitre cette psy.
Au départ, j'étais un peu rétissant car je ne voyais pas trop l'interêt car pour moi la psychologue c'était vraiment lorsque tu as des problèmes. C'est au bout de la 3e ou 4e séance que je me suis rendu compte des nombreux avantages, et maintenant, c'est une personne dont je ne peux pas me passer car elle m'a beaucoup aidé sur l'attitude, sur le calme et sur mon organisation.
Elle m'a apporté beaucoup, et plus que ce que je ne pensais.
Le fonctionnement que j'ai avec elle, est de l'appeler la veille du tournoi lorsque j'ai fait ma reconnaissance du parcours afin qu'elle connaisse mon ressenti, mes objectifs et mes craintes.
Pendant le tournoi, je lui fais un compte-rendu chaque jour et je change mes objectifs selon ce qu'on voit ensemble, sur ce que j'ai fait de bien ou de moins bien pendant la journée. Après le tournoi, on fait un grand débriefing, pas dès la fin pour que ce ne soit pas à chaud, mais plus 2/3 jours après afin de garder le positif et d'éviter de refaire les mêmes erreurs lors du prochain tournoi.
Lorsque tu as une compétition, as-tu une routine d'avant tournoi ?
Personnellement, je me plonge beaucoup dans le golf. Quand je suis en préparation de tournoi, je reste focus sur le golf, sur la préparation physique, sur la préparation mentale et j'appelle tous mes coachs. Par exemple, Chris le caddy pro nous a appris à travailler avec Google Earth pour nous permettre de reconnaitre le parcours lorsqu'on ne le connait pas. On a également la chance que Renaud ait 2 Trackman, ce qui nous permet de travailler sur des spécificités.
L'objectif est d'arriver à la reconnaissance pour peaufiner les détails.
Faisons maintenant un point sur ta saison actuelle. Combien de tournois as-tu fait ?
Je pense que j'ai dû en faire une quinzaine. C'est une saison plutôt satisfaisante même si j'aimerai toujours faire mieux. J'ai quand même beaucup évolué au classement mondial, mon jeu commence à se stabiliser mais ça reste une bonne saison. C'est surtout une saison qui m'a beaucoup changé par rapport à l'année dernière où j'ai vraiment passé un cap de niveau car je joue des gros tournois face aux meilleurs mondiaux et les parcours deviennent de plus en plus difficiles.
Il ne me reste plus que deux tournois avant la fin de saison et puis j'attaquerai une préparation hivernale en vue de la saison prochaine.
Après avoir été Champion de France Cadets la saison dernière, tu as dû avoir de nouveaux objectifs. Il y a-t-il des tournois qui t'ont marqué plus que d'autres cette saison ?
Alors, la Gounouilhou est le tournoi que j'attends le plus dans l'année, car j'aime beaucoup les compétitions par équipes. Nous étions un peu déçus de perdre en quart de finale car nous espérions pouvoir aller plus loin, mais nous n'étions peut-être pas encore à la hauteur pour pouvoir aller gagner. En tout cas on avait vraiment une belle équipe et c'est ce que j'adore à Mionnay, on est une bande d'amis, c'est comme une famille et on était vraiment allié tous les 8.
C'est l'avantage d'être en équipe, quand on joue bien et qu'on gagne, les émotions sont beaucoup plus fortes qu'en individuel.
Il y a eu également les Championnats d'Europe avec l'Equipe de France où nous avons gagné et c'est vraiment exceptionnel. Donc je pense que c'est le tournoi qui m'a le plus marqué lors de cette saison. Il y avait à la fois beaucoup de stress mais aussi beaucoup d'émotions quand on a réussi à gagner le dernier jour car il y avait toute la pression qui redescendait.
Et concernant l'individuel, qu'est ce que tu as fait comme tournois cette année ? et quels ont été tes résultats ?
J'ai commencé ma saison en Afrique du Sud où nous avons joué des parcours vraiment superbes contre de très bons joueurs. J'ai fait 3 supers tournois lors desquels j'ai fini Top9, Top17 et Top8 en ayant un très bon jeu.
Ensuite, j'ai attaqué sur 2 gros tournois avec les Internationaux d'Espagne et l'European Nations Championship à Sotogrande, qui est un des plus beaux golfs d'Espagne, voire un des plus beaux au monde. Sur ces deux tournois, j'ai dû faire entre Top25 et Top28, donc ça reste des bons tournois mais le plus important est l'expérience que cela apporte de jouer sur des golfs si prestigieux, contre de si bons joueurs avec des conditions difficiles, ce qui donne envie d'y retourner et de faire encore mieux.
En mai, j'ai beaucoup enchainé, j'ai fait 6/7 compétitions, où j'ai réussi à faire quelques résultats, malgré le fait que j'a une période à vide pendant un mois où je n'ai pas très bien joué, donc ça n'a pas été la meilleure période de l'année pour moi.
J'ai terminé Top10 lors de ma dernière compétition. C'est donc une saison très mouvementée et avec plein de rebondissements, ce qui va me permettre d'avoir un axe de progression pour l'année prochaine et une idée de ce qui m'attend car je vais jouer de nombreux tournois similaires.
Sur cette année, je n'ai joué que 2/3 tournois en France, j'ai fait des tournois en Afrique du Sud, en Espagne, en Autriche, en décembre je vais en Floride. J'ai aussi fait l'Angleterre, l'Ecosse... et l'année prochaine je pense que je vais rester davantage sur les iles britanniques car les meilleurs tournois sont là-bas.
Et ce n'est trop compliqué de ne pas être souvent chez toi ?
C'est vrai que je ne suis pas souvent là et que je vois peu ma famille, mais je sais que c'est la vie de golfeur et c'est ce que j'ai envie d'avoir et j'adore voyager donc c'est vraiment cool.
Tu disais qu'il te restait deux tournois à faire avant la fin de la saison, ce sont lesquels ?
Je vais faire les Championnats de France Cadets au Gouverneur du 18 au 21 octobre et après, je vais à South Beach en Floride comme tous les ans du 19 au 22 décembre.
Pour les Championnats de France, l'objectif va être de gagner pour conserver mon titre et pour South Beach, c'est un des plus gros tournois de ma saison donc bien evidemment j'ai envie de bien faire et de terminer ma saison avec un bon résultat mais il ne faut pas que je me mettre trop de pression.
Et quels sont tes objectifs à court terme sur la saison prochaine ? Et à long terme ?
L'objectif principal serait de passer dans le Top 200 mondial à la fin de l'année prochaine.
Le second objectif serait de passer pro d'ici 2 à 5 ans. Il ne faut pas vouloir aller trop vite donc pour le moment, j'essaye de gagner des places au classement mondial.
En tant qu'amateur, on ne peut pas passer directement au plus grand tour mais l'idéal serait d'avoir quelques invitations au Challenge Tour et d'y faire bonne figuration, ainsi qu'aux qualifications européennes pour essayer d'avoir sa carte sur le Challenge Tour et même sur le DP World Tour.
J'ai pris comme exemple Martin Couvra qui a gagné un tournoi sur le circuit professionnel en étant amateur, donc la voie royale serait de pouvoir faire comme lui.
Ton objectif est donc d'avoir une carrière professionnelle ?
Oui bien sur c'est l'objectif. Et puis il faut toujours voir grand donc le rêve serait d'être sur le PGA Tour, d'être le meilleur mondial et de marquer l'histoire.